Porter fièrement ses 40 ans

Mercredi 29 novembre, Culture Montérégie fêtait ses 40 ans au Centre culturel et communautaire de Pointe-Valaine à Otterburn Park. Réunissant plus de 140 personnes dans une ambiance festive,  cette soirée fut remplie d’émotion, de rencontres, de témoignages touchants et de prestations musicales et littéraires. Une soirée qui témoigne de la vitalité de la scène culturelle montérégienne, de l’importance du rôle de Culture Montérégie, mais aussi de la fidélité de ses membres.

40 ans, c’est presque une vie. 40 ans au service de ses membres et de sa communauté. 40 ans à défendre, soutenir et accompagner les artistes et les organismes culturels. 40 ans c’est aussi 229 administrateurs, 70 employés, 1200 membres individuels et 350 membres organismes différents ainsi que plus de 5000 participantes et participants à ses activités (réseautages, remises de prix, forums, colloques, rencontres d’information, etc.)*.

En 40 ans, il y en a eu des combats, des réussites, des déceptions, des espoirs et des désillusions. Même si au cours des aléas de l’histoire, Culture Montérégie a parfois vacillé, il a toujours su garder le cap et accomplir sa mission. Aujourd’hui, Culture Montérégie peut se targuer d’être un organisme fort, fier, reconnu et estimé.

Une culture en manque de reconnaissance

Il est fascinant de constater, à la lecture de certains documents des premières années de l’existence de l’organisme, que les enjeux en culture demeurent semblables : précarité, sous-financement, manque de reconnaissance, etc. À preuve, cet extrait du rapport du président, Denis Pronovost, en 1986 :

[…] d’autant plus que dans le train des coupures du ministère des Affaires culturelles, les plus percutantes ont touché des wagons régionaux (bibliothèques, patrimoine, équipements majeurs, amélioration de l’intervention régionale). Cet affaiblissement de notre capacité de développement au niveau régional nous inquiète […]

Il faut très certainement s’en alarmer. S’alarmer que, 40 ans plus tard, même si le développement culturel a fait des bonds de géants, son manque de reconnaissance par le gouvernement et par le grand public reste d’actualité. La culture au Québec fait face à un problème d’estime, de positionnement et de valorisation. C’était vrai il y a 40 ans, c’est malheureusement encore vrai aujourd’hui, et ce, malgré le travail acharné et passionné d’artistes et de travailleurs culturels engagés; malgré un rayonnement national et international hors pair; malgré une expertise reconnue à travers le monde; et malgré l’apport essentiel des sociétés d’état de soutien aux arts et à la culture.

Une excellence mésestimée

Je me faisais d’ailleurs cette réflexion en écoutant, il y a deux semaines, l’extraordinaire concert de l’Orchestre Métropolitain avant son départ sur les scènes les plus prestigieuses d’Europe. Un chef d’orchestre, Yannick Nézet-Séguin, magnifique, des musiciens en pleine possession de leur moyen et une chanteuse, Marie-Nicole Lemieux, au sommet de son art. Nous étions indéniablement en présence d’un moment historique. Pourtant, le public, qui avait d’ailleurs fait preuve au début du concert d’un manque flagrant d’écoute, n’a sollicité qu’un timide rappel.  Accompagné, entre autres, du jeune violoncelliste Stéphane Tétreault, l’Orchestre Métropolitain a, depuis, enflammé les salles européennes. En Allemagne, aux Pays-Bas et en France, devant un public des plus exigeants au monde, ils ont multiplié les rappels et ont reçu des pluies d’éloges. Ce n’est qu’un exemple, parmi plusieurs autres, que l’excellence artistique québécoise est souvent mieux reconnue à l’étranger que dans son propre pays.

Espérons que dans 40 ans, nous ne fassions plus ce même constat. Espérons que la nouvelle Politique culturelle du Québec permette enfin à la culture de devenir une priorité gouvernementale et que les citoyennes et citoyens québécois la reconnaissent comme un élément fondamental de la société.

Je termine en vous souhaitant de Joyeuses Fêtes, repos, partage et douceur!

Franck Michel

*Compilation maison faite à partir des données disponibles (totaux approximatifs).

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