De l’importance d’une information locale et régionale

Les travaux de la Commission sur l’avenir des médias d’information, annoncée au printemps par le gouvernement du Québec, commenceront le 26 août. La valorisation du rôle local de l’information figure au menu de la Commission. Comment pourrait-il en être autrement, considérant l’importance de protéger l’accès du public à une information régionale de qualité. C’est un enjeu déterminant de la vie démocratique et de la vitalité identitaire et culturelle des communautés partout sur le territoire.

La Commission se propose bien sûr d’étudier le financement aux organismes de presse et la viabilité de leurs modèles d’affaires. L’article de Philippe Papineau, paru dans Le Devoir du 8 août, est on ne peut plus éloquent sur La misère des médias. Il y résume quelques constats de l’étude Médias québécois d’information — État des lieux, par Daniel Giroux, du Centre d’études sur les médias. Ainsi, entre 2012 et 2017, les médias ont vu leurs revenus publicitaires fondre de 29 %, principalement au profit des Google, Facebook, Twitter et autres plateformes web étrangères. L’internet et la dématérialisation des supports ont forcé les organes de presse à revoir leur modèle d’affaires. Pour les médias imprimés, les revenus issus des abonnements s’en sont fortement ressentis. Dans les médias communautaires, cette situation a frappé de plein fouet de petites structures qui composent avec des équipes bénévoles et des sources de financement qui s’amenuisent. Est-il besoin de le préciser, la baisse des marges bénéficiaires des médias fait en sorte que les effectifs des salles de nouvelles diminuent conséquemment.

Bref, le portrait est inquiétant et il sera intéressant de suivre les travaux de la Commission au fil des prochains mois pour connaître la position et les recommandations des organismes de presse, des syndicats et des regroupements. Quelles seront les solutions envisagées pour assurer l’accès du public à une information régionale de qualité et diversifiée. Chose certaine, pour le milieu culturel cette question prend beaucoup d’importance pour le rayonnement des artistes et des œuvres dans les communautés qui les voient naître.

Au nombre des solutions qui seront étudiées, pensons à la fiscalité. La philanthropie figure aussi parmi les solutions vers lesquelles se tournent les médias. Et le public est prêt à suivre, puisque 14 % des personnes consultées dans l’étude sur les médias québécois se disent prêtes à faire un don à une entreprise de presse qu’elles aiment si celle-ci ne peut faire autrement. Peut-être verrons-nous aussi émerger un engagement ferme de la part des ministères et organismes gouvernementaux à dépenser une part conséquente de leurs budgets publicitaires dans les médias québécois, tant privés que communautaires. Pour ces derniers, le gouvernement s’est déjà donné une règle de conduite afin de leur consacrer 4 % des investissements publicitaires des ministères et organismes, règle qui malheureusement n’est pas toujours appliquée (voir l’enquête du Devoir, publiée le 27 juin 2016).

Mais à l’aube des élections fédérales de 2019, alors même que le gouvernement étudie la façon la plus équitable d’implanter son plan canadien d’aide aux médias d’information, nous surveillerons l’engagement des parties sur cette essentielle question, car la transformation du paysage médiatique revêt des enjeux sociaux et culturels fondamentaux.

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